Retour sur le choc pétrolier de 1973. Alors que le monde connaît aujourd’hui son troisième « choc », a t-on vraiment retenu les leçons de cette rupture majeure qu’a constitué la crise de 1973, signant la fin des « trente glorieuses » et l’entrée des pays occidentaux dans une nouvelle ère ?
De 3 à 12 dollars le baril.
Le 6 octobre 1973, la vie tourne au ralenti en Israël. Une majorité d’habitants de l’Etat hébreu célèbre Yom Kippour, le jour le plus sacré du calendrier juif. C’est le moment choisi par la coalition égypto-syrienne pour lancer une attaque surprise visant à laver l’humiliation de juin 1967 et récupérer par la force les territoires conquis par Israël, péninsule du Sinaï et plateau du Golan en particulier. L’offensive éclair déstabilise effectivement Israël.
Les combats sont très durs mais Tsahal parvient petit à petit à rétablir la situation. L’aide militaire américaine, marquée par des livraisons d’armes par pont aérien à partir du 14 octobre, a permis à l’Etat hébreu de débloquer une situation pour le moins critique. La réaction arabe ne se fait pas attendre. Réunis le 16 octobre à Koweït City, les principaux producteurs du Golfe décident d’augmenter unilatéralement de 70% le prix du baril de brut.
Ils imposeront quelques jours plus tard une réduction mensuelle de 5% de la production pétrolière et un embargo sur les livraisons de pétrole à destination des Etats-Unis et de l’Europe occidentale. L’embargo ne sera levé que 5 mois plus tard mais la sanction est là. En un an, le prix du baril passe d’environ 3 dollars à 12 dollars.
La croissance touchée au coeur.
Si la guerre du Kippour a été le facteur déclenchant du premier choc, elle n’aura finalement constitué qu’un prétexte pour les grands pays producteur du Golfe Persique afin de modifier la donne en leur faveur.
En 1970, le baril ne s’échangeait qu’à 1,8 dollar. Le rapport de forces avait changé et les pays occidentaux ne pouvaient de toute façon plus se passer du pétrole arabe. Les grandes majors occidentales ne faisaient plus la loi.
Déjà au cours des deux années précédentes, elles avaient accepté d’augmenter leur taux d’imposition de 50 à 55%. Logiquement, la brutale augmentation du prix du baril porte un coup très dur aux économies occidentales dont la croissance repose largement sur une consommation frénétique d’or noir. La France n’est pas épargnée, les effets dévastateurs sont là : la production industrielle baisse de 15% et l’inflation repart à la hausse.
Du coup, l’investissement s’effondre et le chômage s’envole, doublant en moins de deux ans. A l’été 1975, il y aura plus d’un million de demandeurs d’emploi en France. On referme définitivement la période des « trente glorieuses » selon l’expression de l’économiste Jean Fourastié, ces trois décennies de croissance ininterrompue et de bouleversements majeurs qu’avaient connu la France et l’Europe de l’Ouest depuis la fin du second conflit mondial.
Chocs et contre-chocs.
Dès le déclenchement du choc, les premières mesures anti-gaspi font leur apparition. Les pays occidentaux tentent aussi de diversifier leur approvisionnement énergétique en réduisant la dépendance au pétrole moyen-orientale au profit notamment du gaz soviétique.
En France, où l’« on n’a pas de pétrole mais des idées » comme le veut un slogan en vogue à cette époque, le programme nucléaire connaît au cours de l’année 1974 une accélération sans précédent mais les efforts entrepris n’empêcheront pas le chômage de monter inexorablement dans un contexte de croissance ralentie.
En 1979, la chute du Shah d’Iran provoque à nouveau un choc pétrolier, aggravé par le déclenchement de la guerre Iran-Irak l’année suivante. Le baril de pétrole passera cette fois-ci de 13 à 40 dollars. La psychose s’est emparée des investisseurs, l’OPEP est alors à l’apogée de sa toute-puissance.
Mais petit à petit, l’organisation basée à Vienne perd de sa suprématie et de son influence dans la formation des prix au point de ne plus représenter en 1985 que 43% de l’offre mondiale. Elle ne pourra alors éviter le contre-choc du milieu des années 1980.
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